L’interview exclusive de Christophe Roussel, patron du Groupe Korallion par Tourmag
Placé en redressement judiciaire, le Groupe Boiloris fait l’objet de beaucoup de convoitises. Plusieurs repreneurs se sont déclarés, dont le groupe Salaün et Thalasso N°1. Un outsider, Christophe Roussel, patron du Groupe Korallion, manifeste aussi son intérêt. Nous l’avons rencontré…
Christophe Roussel : Je m’appelle Christophe Roussel, je suis un nouvel entrepreneur du voyage basé à Montpellier depuis le 15 août 2016. Pendant trois mois, j’ai étudié le fonctionnement de l’entreprise que j’ai acquise et j’ai aussi étudié, lors de Congrès dont le récent des Entreprises du Voyage à Colombo ou celui de Selectour à Québec, l’engagement que je pouvais avoir.
Je me suis notamment aperçu que le mono point de vente, pour avoir une certaine rentabilité, devait être multiplié.
TourMaG.com – Certes. Mais lorsque l’on consulte le site de votre société, Korallion, vous semblez plus orienté vers la reprise et le conseil envers des entreprises en difficulté. Pourquoi Boiloris ?
Christophe Roussel : Lorsque j’ai eu l’information des difficultés de Boiloris, en décembre dernier, j’y ai vu à la fois une opportunité de développement de mon entreprise, ainsi qu’une opportunité de développement personnel.
Il se trouve que j’aime aussi redresser les entreprises et trouver la raison pour laquelle cette entreprise s’est retrouvée à terre. A partir de là, j’ai fait le nécessaire…
Boiloris, c’est une bonne raison de m’affirmer dans ma stratégie de développement et surtout, de sauver des emplois et faire vivre les points de vente. Et, accessoirement donner aux financiers une visibilité à court terme sur des remboursements possibles…
TourMaG.com – Vous allez donc vraiment présenter un dossier de reprise ?
C.R. : Oui, absolument. Ce dossier va être très détaillé parce que je ne crois pas du tout à la DCP (Déclaration de Cessation de Paiement, ndlr) qui a été déposée auprès du Tribunal.
J’ai remarqué de nombreuses anomalies, appuyées d’ailleurs par l’enquête que j’ai menée en parallèle. Et je vais proposer quelque chose de fiable, non pas pour l’entrepreneur lui-même, – l’engagement que je vais prendre va cependant le désolidariser de ses dettes – mais je souhaite surtout faire quelque chose pour les salariés, les points de vente et, bien entendu, les clients !
Et même en deux ans, d’autant qu’une entreprise comme celle-ci est capable de dégager 1 million d’euros de bénéfice sur ses points de ventes à l’année. Je ne vois pas comment, en l’espace de deux ans, on peut accuser autant de pertes…
TourMaG.com – Vous avez pris contact avant le dépôt de bilan de Boiloris avec les instances professionnelles, notamment l’APST ?
C.R. : Oui. Mais c’est une association qui demande un peu de temps de réflexion, un rassemblement de son bureau. Je comprends, lorsque l’on fait dans l’urgence, qu’on ne peut attendre des semaines et des semaines un aval un jour avant l’audience.
Moi, ma proposition était très claire : je reprenais l’ensemble des créances APST jusqu’à la date de l’audience, je proposais une location-gérance afin de geler les dettes, mener de front une enquête interne en nommant un commissaire aux comptes et un cabinet comptable.
Après j’ai demandé à l’APST une autorisation préalable, afin de savoir si elle couvrait la reprise ou pas, sachant qu’il existait une anomalie auprès de Boiloris.
La réponse a été très claire : oui, l’APST vous couvre à condition toutefois de ne pas reprendre les Siret Boiloris, qui ont une anomalie.
TourMaG.com – Pouvez-vous me parler de vos structures, justement ? En fait, on ne vous connaît pas…
C.R. : Je ne souhaite pas vraiment être connu, et je ne suis pas là pour ça. Je ne demande rien à personne et m’occupe de mes affaires avant de m’occuper de celles des autres.
Je remarque dans le métier, même si je n’y suis pas depuis des lustres comme certains m’en font le reproche, beaucoup de choses… étranges. Mais il est vrai que nul n’est parfait.
Moi, j’ai une éthique, j’ai des principes. Et je suis quelqu’un de discret. Et je ne suis ni Thalasso N°1, ni Salaün !
TourMaG.com – Parmi le peu de renseignements que nous avons de vous, on dit que vous êtes un humaniste. Mais on ne peut pas reprendre une entreprise comme Boiloris et garantir le paiement des dettes par philanthropie ?
C.R. : Dans une entreprise, vous savez, je compare souvent cela à la navigation à la voile. Il y a un capitaine et il y a des matelots. Les uns sans les autres, le bateau n’avance pas. Il n’y a pas de patron sans salariés et pas de salariés sans patron. L’équilibre d’une entreprise ça commence par là.
Et non, il n’y a pas de philanthropie. Quand je me lève le matin, je suis plutôt satisfait de me dire que j’ai une entreprise qui permet de nourrir des collaborateurs et moi-même.
Pour ça, il ne faut pas se voiler la face.
Maintenant, je pense que les salariés de Boiloris n’ont rien demandé à Didier Munin pour le redressement judiciaire derrière.
TourMaG.com – Justement, si vous arrivez à reprendre, vous garantissez aussi l’emploi ?
TourMaG.com – Donc, le 30 janvier prochain, vous allez déposer une offre ferme ?
C.R. : Oui. Nous avons été contactés par l’administrateur judiciaire, le cabinet BCM, qui nous demande de nous positionner à cette date. Sachant que Didier Munin est en copie et avisé !
TourMaG.com – Dernière question : vis-à-vis des repreneurs potentiels connus, le Groupe Salaün et Thalasso N° 1, vous vous positionnez comment ? Ils vous font peur ?
C.R. : Je n’ai jamais eu peur de requins ni de qui que ce soit jusqu’à présent. On ne m’a jamais manipulé, je n’ai jamais fait de copinage avec qui que ce soit.
Et je n’ai jamais été acheté par qui que ce soit. Aujourd’hui, je pense que ces gens-là ont une belle expérience, ils ont une assise financière depuis des années, ils ont plus d’antériorité que moi, ils connaissent plus de monde que moi, il y a plus de copinages entre certains services, ça je l’ai vu, je l’ai compris lors de cette opération Boiloris.
Non, ils ne me font pas peur. C’est plutôt l’inverse, ils ne savent pas comment je vais interpréter les choses…